Quand les criminels deviennent des interlocuteurs politiques, la situation en Haïti atteint un tournant inquiétant. La coalition de gangs armés « Viv Ansanm », tristement célèbre pour ses exactions, s’invite désormais dans le débat politique. L’information a été confirmée ce vendredi 10 janvier 2025 par Liné Balthazar, responsable du Parti PHTK. Selon lui, ce groupe criminel, responsable d’innombrables actes de violence et de deuil à travers le pays, joue un rôle actif dans les négociations en cours avec la CARICOM.
Une force incontournable selon Liné Balthazar
M. Balthazar a justifié cette situation en soulignant que Viv Ansanm, regroupant les principaux chefs de gangs de la zone métropolitaine, représente aujourd’hui une force incontournable sur le terrain. Une réalité qui, selon lui, oblige les négociateurs à prendre en compte leurs revendications.
Dans un document soumis cette semaine à la CARICOM, le Collectif 30 janvier, le parti EDE et une branche de l’accord du 21 décembre ont présenté la position de Viv Ansanm. Cette coalition criminelle demande explicitement le départ du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) et son remplacement par la Cour de cassation.
Un document controversé
Liné Balthazar a précisé que ce document, transmis à la CARICOM, n’a pas été validé par toutes les parties prenantes. Des acteurs comme le Montana, Fanmi Lavalas, Pitit Dessalines ou encore le secteur privé n’ont pas été consultés et rejettent cette vision. Ce désaccord profond souligne une fracture importante au sein des forces politiques et sociales du pays.
Une position ferme de Me André Michel
Me André Michel, figure de l’accord du 21 décembre, a vivement réagi à cette nouvelle. Dans une déclaration, il a condamné toute négociation avec des criminels :
« La coalition de gangs Viv Ansanm est une organisation criminelle qui a assassiné, appauvri et humilié des dizaines de milliers de citoyens et citoyennes dans le pays. Notre position est claire : pas de dialogue avec les gangs ! Pas de négociation avec les gangs ! Les gangs, il faut les écraser ! »
Me Michel a également réfuté les rumeurs selon lesquelles son groupe aurait cautionné le document soumis à la CARICOM. Selon lui, l’accord du 21 décembre reste engagé dans des discussions légitimes et transparentes pour restaurer la confiance publique, malgré les scandales récents qui ont entaché le CPT.
Vers une impasse politique ?
La présence de Viv Ansanm dans les discussions complique davantage une situation politique déjà chaotique en Haïti. Alors que la CARICOM tente de jouer les médiateurs, l’implication de groupes criminels dans les débats soulève des questions cruciales sur l’avenir du pays et la légitimité des processus de transition en cours.