Le Premier ministre Ariel Henry fait une invitation publique à Joseph Félix Badio – Assassinat de Jovenel Moïse
Lors d’une interview accordée vendredi 11 février 2022 au journal américain Miami Herald, le Premier ministre haïtien Ariel Henry, déclare qu’il aurait préféré que la justice haïtienne envoie à Miami (États-Unis), les personnes inculpées dans l’assassinat du Président Jovenel Moïse. Au cours de l’entretien, le chef du gouvernement a fait plusieurs déclarations sur ses relations avec le présumé assassin Joseph Félix Badio, avec qui il a parlé selon les rapports d’enquête, peu avant et après l’assassinat du chef de l’Etat haïtien en juillet 2021 à Pétion-Ville.
Le Premier ministre de facto, Ariel Henry, a déclaré qu’il soutiendrait l’envoi des présumés assassins du président haïtien à Miami pour répondre aux accusations de complot de meurtre au cas où les autorités américaines le demandent.
Le neurochirurgien dit être prêt à livrer certains Haïtiens-Américains, Colombiens et autres soupçonnés de collaborer avec une compagnie de sécurité de la région de Miami dans un complot visant à kidnapper et tuer le président Jovenel Moïse en juillet 2021 dans sa résidence à Pèlerin 5 Pétion-Ville, une commune de Port-au-Prince (Ouest). “Je soutiens l’effort américain”, a déclaré le PM Henry dans une interview exclusive au Herald. “S’ils le demandent, ils auront l’entière coopération de la nation.”
Lors de l’entretien, le Dr Ariel Henry, 72 ans, a qualifié de “fausses nouvelles” les informations selon lesquelles il était impliqué dans l’assassinat du président et protégeait un suspect clé, Joseph Félix Badio, qui est toujours en cavale. Badio, qui travaillait dans les services de renseignement pour le ministère de la Justice du gouvernement haïtien plus précisément à l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC), était censé suivre les déplacements du président la nuit où il a été tué. Il est accusé par la police haïtienne d’avoir soudoyé les gardes de Moïse pour qu’ils se retirent pendant l’attaque.
Ariel Henry invite Joseph Félix Badio de se rendre à la police
“Pour moi, ceux qui sont impliqués doivent être capturés”, a déclaré Henry. « Ils ont dit que j’avais parlé à l’un des instigateurs, Badio. Je ne me souviens pas lui avoir parlé. Mais même si je lui ai parlé, ce n’était pas important pour moi parce que je ne me souviens pas lui avoir parlé. Je dois vous rappeler que ce jour-là, j’ai reçu plusieurs appels téléphoniques. J’ai parlé à beaucoup de gens. », tente d’expliquer de manière confuse le PM de facto.
Plus loin, il dit inviter le nommé Joseph Félix Badio à se rendre. “Je veux faire une annonce publique pour dire à Badio de se rendre à la police et ensuite nous saurons la vérité”, a déclaré le docteur Henry. “Pour la partie justice de cette affaire, il doit se rendre.”
Ariel Henry a déclaré que le premier appel qu’il avait reçu au sujet de l’assassinat de Moïse provenait d’un journaliste. Il a dit qu’il ne croyait pas à l’histoire du journaliste. Plus tard, il reçoit un appel téléphonique l’informant que le chef de la police de l’époque, Léon Charles, l’appellerait pour l’informer. Lorsque l’appel de Charles n’est jamais venu, Henry a commencé à “penser que c’était un coup d’État de la Police” et a fui son domicile avec sa sécurité policière pour l’hôtel Karibe à Pétionville.
“Là, tout à coup, ils ont pris ma sécurité”, a-t-il déclaré. « C’était la première fois que j’avais une escorte. Je ne sais pas qui a ordonné à l’escorte de venir me chercher, et je ne sais pas qui a donné l’ordre d’emmener l’escorte. Mais ils ont reçu une commande et ils sont partis et à ce moment-là vraiment, je ne me sentais pas en sécurité.
Henry a dit qu’il connaissait Badio, mais contrairement à ce qui se dit sur leur relation, les deux ne se parlaient pas fréquemment. Badio, a-t-il dit, était responsable du renseignement pour le ministère de la Justice sous Rockefeller Vincent, le ministre qu’il a limogé. Badio était également employé comme coordinateur à l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC) avant d’être licencié l’année dernière.
Selon des sources, Badio s’est présenté comme un avocat de la firme américaine CTU, qui aurait recruté les commandos colombiens qui ont pris d’assaut la maison du président.
Des suspects sont déjà auditionnés par la justice américaine
Récemment, des agents du Bureau Fédéral d’Investigation (FBI), étaient de passage au Pénitencier National à Port-au-Prince, où ils ont auditionné certains détenus dans l’affaire, parmi eux James Solange et les Colombiens qui ont été arrêtés le jour même du meurtre.
Selon le Miami Herald, la justice américaine commence également à auditionner l’ancien sénateur haïtien John Joël Joseph, l’un des suspects importants dans le complot qui a conduit à l’assassinat de Jovenel Moïse. Et, ce dernier devrait être entendu à nouveau la semaine prochaine.
Selon la plainte fédérale américaine, Mario Antonio Palacios, 43 ans, également connu sous le nom de “Floro”, s’est rendu en Haïti environ un mois avant l’assassinat. Palacios était en contact avec au moins un des trois Américains-Haïtiens maintenant emprisonnés à Port-au-Prince – Solages, le co-conspirateur non identifié dans les plaintes du FBI – avant que lui, Solages et d’autres ne prennent d’assaut l’enceinte du président au milieu de la nuit criant qu’une opération DEA était en cours.
L’attaque avait été lancée depuis la maison voisine de Jaar, un ancien informateur de la Drug Enforcement Administration. Il est accusé d’avoir joué un rôle central dans la fourniture de logements, d’armes et d’autres formes de soutien au groupe de commandos colombiens soupçonné d’avoir assassiné Moïse.
Rodolphe Jaar, 49 ans, est accusé d’avoir rencontré Solages avant l’exécution du complot meurtrier. Jaar est également accusé d’avoir aidé Solages et d’autres personnes prétendument liées à l’assassinat de Moïse à se cacher après, selon la plainte pénale du FBI. Le Miami Herald dit apprendre que Solages, un ancien homme de maintenance qui a quitté son emploi en avril, est allé travailler pour CTU Security, la société de la région de Miami impliquée dans le complot.
Lors d’un entretien en décembre alors qu’il se cachait à Port-au-Prince et des semaines avant son arrestation, Jaar a admis aux enquêteurs américains qu’il “avait fourni des armes à feu et des munitions aux Colombiens pour soutenir l’opération d’assassinat”, indique la plainte du FBI. “Il a déclaré que l’opération était passée d’une arrestation … [pour retirer Moïse de ses fonctions] à une opération d’assassinat après le plan initial de ‘capturer’ le président haïtien à l’aéroport [de Port-au-Prince] et de l’emmener par l’avion n’a pas avancé”, rapporte le Herald.
Toutefois, la volonté du Premier ministre Ariel Henry de faire livrer les suspects de l’assassinat du Président Jovenel Moïse à la Justice américaine risque de causer beaucoup de discordance en Haïti.
Constant Haïti
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